Nous arrivons à Kalaw à 15h après 9h de transport. Notre mini-van, peu performant, a souffert du trajet : nous avons fini sans climatisation afin de conserver la puissance du moteur. Cette ville de 4000 habitants, perchée dans les nuages à 1300 mètres d’altitude, est accessible via des routes de montagne qui offrent une vue imprenable. Les habitants vivent essentiellement du tourisme lié au fameux trek Kalaw/Inle, on y trouve ainsi de nombreux hôtels et restaurants.
Nous posons nos bagages à notre guesthouse et restons sans voix, la chambre est immense, dispose d’un lit king size et d’une terrasse de 40m2 qui domine la ville. Sans plus tarder nous décidons de rester une nuit de plus ! D’autant plus que le lendemain le village est en fête, le calendrier bouddhiste célèbre la pleine lune. Nous assistons le jour suivant aux défilés des différentes écoles bouddhistes de la région, spectacle assuré ! Nous en profitons également pour parcourir l’immense marché à ciel ouvert où se mêlent poissons séchés et légumes en tout genre. Mais nous n’oublions pas notre objectif, si nous sommes ici c’est pour le trek Kalaw Inle. Nous nous rendons chez Sam Family pour réserver notre aventure contre 45 000 Kyats (30euros) par personne, nous partirons le lendemain matin à 8h.
J1
C’est le grand jour, nous avons signé pour 3 jours de marche, soient 58 km. Nous rejoignons notre groupe et croisons les doigts pour qu’ils soient aussi peu sportifs que nous… Nous faisons la connaissance d’un couple de français, d’un duo israélien, de deux amis espagnols et de nos deux guides Miu et Beth (deux petits bouts de femme aux jambes d’acier). Elles sont originaires de petits villages proches de Nyang Shwe et logent à l’hôtel afin de pouvoir exercer le métier de guide. Elles ont toutes deux étudié jusqu’au lycée puis pris des cours d’anglais afin de pouvoir travailler auprès des touristes. Chaque guide effectue environ 6 treks de 3 jours dans le mois sans jour de repos. Les présentations faites, nous commençons la marche. Oh désespoir, à peine partis, le rythme est déjà soutenu, nous serrons les dents (enfin surtout Justine), il ne faudrait pas ralentir le groupe seulement 1h après le départ ! La première journée est intense, les muscles sont froids et la chaleur insoutenable… Mais déjà les paysages se dessinent et nos efforts commencent à payer. Le déjeuner nous redonne le sourire, nous nous délectons de spécialités indiennes tout en profitant des étendues de forêts vallonnées. L’après-midi nous nous enfonçons un peu plus dans les sentiers et ne regrettons pas nos supers chaussures de trek ! Nous arrivons au village dans lequel nous passerons la nuit à 15h. C’est alors que notre guide nous interpelle « Nous avons une heure d’avance sur le programme ». Nous sommes en sueurs et Justine à l’agonie… Demain on pourra prendre notre temps ? Le village très typique abrite 200 habitants et la plupart des logements sont en bambou. Nous dormirons chez l’habitant à l’étage dans un dortoir commun, au-dessus de l’étable et de la cuisine. Nous découvrons également la douche où plutôt le puits à l’entrée du village. Se rincer un minimum nous semble vital après cette journée. On fait donc comme on peut mais pas simple de garder sa serviette en versant l’eau glaciale sur les quelques parties dénudées tout en évitant les buffles qui rentrent au village… La prochaine fois, on prendra des lingettes bébé ! Déjà l’heure du dîner et des sourires. Miu nous a concocté avec l’aide de notre hôte un véritable festin composé d’une dizaine de plats. C’est également l’occasion d’échanger avec notre joyeuse bande sur nos impressions de la journée et sur nos vies, nos cultures. Nous nous couchons sur nos paillasses l’estomac bien rempli et des rêves plein la tête.
J2
Réveillés par la fumée de la cuisine à 5h du matin (n’imaginez pas là une douce odeur de petit déjeuner mais plutôt la fumée épaisse et âpre du feu de bois), nous émergeons doucement de la nuit passée : il a fait froid, très froid et les paillasses étaient dures très dures. Une table abondante (œufs, toasts, fruits) nous attend sur la petite terrasse. Le petit déjeuné avalé nous enfilons nos chaussures non sans douleurs pour certains : les kilomètres de la veille ont laissé quelques courbatures. Le deuxième jour fut celui des doutes : « Deux jours auraient été suffisants non ? » » Tu imagines si au bout du chemin il y avait une plage ? » Bon de toute façon nous n’avons pas le choix, il faut y aller ! Nous attaquons la matinée par une heure de montée bien raide, mais une fois encore nos efforts sont récompensés, la vue est incroyable et à l’horizon se dessinent des cultures de riz, de cacahuètes, de thés ou encore de piments. Nous croisons également de nombreux buffles encore très utilisés pour labourer les champs et nous moquons de Miu qui sursaute à chacun de leur reniflement. Enfin ça c’était avant que tout notre groupe se fasse courser par l’un d’eux : scène mémorable et épique dont nous sortirons tous indemnes. La deuxième journée s’achève par la traversée d’une large rizière qui mène à l’entrée du village. Surprise, notre hôte nous a même acheté de la bière, nous savourons cette petite mousse en attendant la douche (froide). Le soir nos guides nous concoctent une nouvelle fois des mets divins. Nous finissons par jouer aux cartes tous ensemble et ameutons malgré nous la moitié du village. 21h30, il est déjà l’heure de rejoindre nos paillasses.
J3
Après une nuit qui fût bien meilleure que la première, nous nous installons sur la terrasse. Nous découvrons alors un petit déjeuner copieux composé de pancakes maison et de fruits exotiques : nous ne voulons plus repartir ! Au programme de la journée, 10 km de marche en pente douce et 5 en descente assez raide avant de rejoindre l’embarcadère. Nous croisons de nombreux randonneurs sur la dernière ligne droite, unique chemin pour atteindre la région du lac. Nous devons également nous acquitter d’un droit d’entrée de 12 500 Kyats par personne (taxe gouvernementale systématique, valable 1 semaine). Ce dernier jour ressemble davantage à une ballade et déjà nous sommes nostalgiques des 2 jours passés. Nous arrivons à l’embarcadère après 4h de marche pour finir avec une promenade d’une heure sur le lac, destination Nyang Shwe. Emerveillés par la beauté du paysage, nous nous laissons bercer par les flots. Mais épuisés, nous ne verrons que la moitié du trajet !